Lundi 24 janvier 2022, maison de quartier de Caluire
J’ai proposé aux dix participantes d’écrire successivement sur trois sujets :
- parler de cinq mots qu’elles aimaient tout particulièrement et expliquer pourquoi ;
- décliner un proverbe de plusieurs manières ;
- faire parler le personnage représenté dans le tableau d’Arcimboldo intitulé « Vertumne ».
Voici quelques-uns des textes inspirés par Arcimboldo.
Pfff… Cela fait 3 jours que je suis dans cette salle. J’ai faim. Et toutes ces bonnes odeurs éveillent mes papilles. Mais non, je n’ai pas le droit de manger cette belle poire que je hume au-dessus de mon œil, ni cette tomate qui me parfume le menton.
Chic, personne dans la salle, vite, je vais chiper un grain de raisin, ni vu ni connu, et cela ne se verra pas. Zut, encore un visiteur qui arrive, et il me regarde, et il salive !!
Et lui, il ne va pas se gêner à la sortie du musée pour s’acheter un gâteau à la pâtisserie du coin. Pff !!
Bon plus que 4 jours ici, je me calme, au moins on m’admire, c’est déjà cela !!
Christine
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Mon portrait
Voyez, c’est tout moi ! Pas encore la vieillesse mais la maturité : la courge aux formes rebondies, d’une belle couleur rouge orange, aubergines et courgettes, charnues au goût qui évoque encore la chaleur de l’été, avec la tomate rougie par le soleil, la poire de mon nez, finesse du goût et de parfum, les épis lumineux, le raisin doré mais aussi les fleurs.nTout cela évoque mon côté chaleureux, empathique, non sans humour et un regard moqueur.
Claude
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Encore un jour …
Combien de temps vais-je voir défiler cette foule anonyme qui m’observe, qui me critique ou qui m’admire ? Tous ces fruits, tous ces légumes finissent par m’étouffer, je voudrais tout arracher et me montrer dans ma nudité… Pourquoi pas ? Aurais-je autant d’admirateurs ? C’est peu probable, mais je me sentirais libre, léger.
Celui qui m’a donné naissance, sait-il qu’il m’a enfermé dans un personnage que je n’avais pas forcément envie d’incarner ? Il ne m’a pas demandé mon avis… Regardez-moi bien, je me moque, je souris férocement ! Aidez-moi à sortir de ma toile et je reviendrai à la vraie vie, celle que j’ai connue et que je n’aurais jamais dû quitter !
Danielle
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« Ouh là là, que je suis beau avec cette tenue frugale…
On m’a bien prévenu que pour poser aujourd’hui, en vue d’une oeuvre picturale, il me faudrait bien me vêtir…Mais je suis tellement convaincu que mon corps musclé à lui tout seul suffit, que…
Alors, ce matin, je me suis mis en route pour mon rendez-vous, nu, complètement nu, sur le chemin. Puis j’ai marché, jusqu’à ce que ma femme, affolée et haletante, me rattrape, et parvienne à articuler : « Mais, enfin… tu,…. tu ne peux point te présenter de la sorte, alors, tu te contenteras de ce que j’ai dans mon panier, mais couvre-moi ce corps, je t’en supplie, de quelques fruits et légumes, je t’en conjure. En descendant dans la vallée, tu trouveras bien quelques champs de blé et vergers pour poursuivre dans cette même démarche. »
« Eh…. Mais me voilà, nature, tel que j’aime être… encore que… Et j’espère que cet apprenti peintre n’omettra pas de faire transparaître ma joie !! C’est l’extase d’être ici et de poser tel quel. Et je suis tellement fier d’avoir si bien coiffé ma moustache, et ébouriffé mes sourcils !!! »
Delphine
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Hello, les visiteurs, vous avez vu comme je suis beau ! Je suis sûr que vous n’êtes pas capables de me dire de quoi je suis fait ! Je vais vous aider….
Partez des cheveux : quels fruits voyez-vous ? Raisins, poires, cerises, pommes, prunes, abricots… mais attention ! N’oubliez pas les épis de blé qui m’embellissent, mais qui risquent de s’envoler et qui me gâchent la vie car je ne peux pas bouger !
Et la bouche ? J’ai faim et je ne peux même pas manger ces 2 cerises !
Et pour le cou ? Je suis bien coincé par la courgette, l’aubergine, les poireaux…. Heureusement il y a les oignons qui m’aident à respirer et le gros potiron qui me donne une superbe poitrine de sportif !
Je suis, bien sûr, le plus beau du musée, paré des belles fleurs de vos jardins… Vous devez me rendre hommage mais surtout ne me mangez pas !!!
Françoise D.
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Il s’est encore lâché, Guiseppe ! Mais regardez-moi ! Depuis ce matin, je trône dans cette chambre froide en attendant l’ouverture de l’exposition demain.
Je vous explique : Monsieur s’est mis en tête de présenter une oeuvre composée uniquement, ou presque, de fruits et de légumes ! Vous serez gentils de ne faire aucun commentaire désobligeant en présence de Guiseppe lors du vernissage, merci pour lui, il est un peu … soupe aux légumes, non ! Au lait ! Je plaisante, je plaisante, mais je me caille sec !
J’ai froid sous cet accoutrement, mes beaux cheveux poil de carotte et ma superbe barbe bien fleurie givrent, mon coeur d’artichaut gèle, je déprime, je n’ai plus la patate, je vais poireauter longtemps ici ?? Il m’a pris pour une bonne poire !
Je vous explique : Monsieur n’a pas un radis, alors il a récupéré tout ça à la fin du marché, quand les maraîchers se débarrassent des invendus. Là je dis STOP ! Assez ! On ne va pas rejouer les Raisins de la Colère ni se raconter des salades ! Les visiteurs demain défileront en rang d’oignons devant un pot-pourri qui ne sentira pas forcément bon, si on ne vient pas rapidement me sortir d’ici !
Mais personne ne viendra. Notre ami restera là encore un bon moment. Et quelques heures plus tard, il arrive à souffler ces quelques mots glacés :
Les carottes sont cuites, je me meurs de froid, de faim ! Oui de faim, car tout est congelé et immangeable ! Je vais tomber dans les pommes d’inanition. Et cerise sur le gâteau, je vais manger les pissenlits par la racine.
Françoise P.
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je m’appelle Vertume, ça sonne comme
j’hume le vers – vermisseau
j’hume le verre d’alcool,
j’hume le vert, verdure…
HUM, hum, j’ai l’air bien terrible comme ça, voyez
mes grands yeux, pour mieux vous voir ( mon enfant ) et deviner qui vous êtes,
mon énorme nez, pour mieux sentir, humer, respirer ( la chair fraîche ?)
mes belles joues, signe d’affectivité
et ma bouche aux lèvres souriantes.
En fait, je veux vous séduire, derrière mes allures de géant.
Et comme dans les cartes du tarot, il ne faut pas oublier les sens des symboles :
Le soleil de mon front pour éclairer mes pensées et mon discernement,
Les fleurs pour adoucir et féminiser mon image,
Les plantes, les légumes, les épis sur ma coiffe et mes sourcils, les graines de ma barbe, pour la fécondité de la nature et de la vie.
Je ne renie ni ma force de géant, mon allure terrible et impressionnante du monstre en moi,
ni, si vous acceptez de les percevoir, les signes vivants, vivifiants même que je porte avec moi.
Maude