Dix mots en poésie
Je m’arrête de divulgâcher le temps qu’il fait au gré des prévision incertaines de la météo
je décide de farcer le temps qui passe en introduisant un paramètre décalé dans les horloges
je m’assieds au bord de ce tintamarre toute ouïe disponible à une expérience ultime
et je regarde pincemoi entrer en lévitation pour secourir pincemi tombé dans l’eau
la plus époustouflante et la plus surveillée devant les requins médusés d’Arabie :
le temps vole au-dessus des vagues
et je regarde un pingouin perdu dans les eaux chaudes qui ne peut que s’exclamer kaï !!! face à cette vague déroutante
la plus déferlante et époustouflante des vagues de la mer
flottant dans les égouts de la ville :
le temps marche dans le désert
et je regarde ébaubi
la plus décalée des lignes médusées de ma main
sur les horizons d’un temps que je n’aurais pas voulu divulgâché par personne, saperlipopette si tièdes et tendres fussent les caresses
de ton tintamarre amoureux :
le temps nage à contre-courant et je m’en vais, de ce pas, en retenir le vol haletant.
Yves
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Zeugma à tout va !
Princesse Violette était engoncée dans son corset.
Le prince lui faisait face et grise mine.
« Pffff… Quel triste sire ! J’aurais préféré sauter ce rendez-vous et le palefrenier !! » se dit-elle.
Un soupir sortit de sa poitrine et le chat par la porte.
L’horloge égrenait des secondes interminables sans jamais passer la troisième…
Soudain, un vent incongru s’échappa par la fenêtre battante et du postérieur de la princesse.
Couverte de ridicule et d’une odeur gastrique tenace, elle lança un rire très bête au prince. Mais celui-ci, perdu dans ses pensées et dans son costume amidonné deux fois trop grand pour lui, n’avait absolument rien remarqué. Il restait là, silencieux et lugubre.
Un ange passa lentement au feu rouge…
« Oh là là !! Il pourrait au moins faire semblant de s’intéresser à moi ! »
Finalement, prenant le taureau par les cornes d’une main et le prince par le colbac de l’autre, elle décida de lui déballer tout ce qu’elle pensait de lui. Mais le contact physique réveilla brutalement Cupidon et leurs ardeurs. Les choses et leurs bouches avides s’emballèrent tant et si bien que costume et corset voltigèrent en chœur dans le petit salon.
Le feu de la passion assouvi, le prince se perdit en excuses et dans les yeux de Violette.
Totalement sous le charme, la seule chose que put dire la princesse fut :
« Hum, hum… Vous reprendrez bien une tasse de thé et votre dignité ? »
Anne-Claire
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Zeus en Zeugmes
Zeus fait appel à sa force tranquille et à sa compagne Héra. Tous deux vont semer la discorde et les meilleures graines dans l’Olympe. Avant le grand conseil des dieux, chacun doit vaquer à ses occupations divines et dans les grandes hauteurs.
Hercule rase sa barbe de 100 ans et les murs du Parthénon pour essayer d’échapper aux travaux.
Dionysos verse une larme joie et son élixir envoûtant dans les amphores.
Artémis tend sa joue droite à Athéna et son arc vers Poséidon, qui s’empresse de pointer son trident vers Hadès et son doigt vers l’éclair qui luit.
Apollon gonfle son torse de satisfaction et sa bouée de sauvetage avant de traverser l’Achéron.
Eole souffle généreusement en direction de l’Olympe et un grand ouf de satisfaction après son effort.
Les divinités son enfin prêtes à recevoir les éloges de Zeus et les cadeaux des nymphes.
Zeus rassemble alors ses esprits et son équipe éparpillée aux quatre coins du globe.
Le monde peut tourner !
Catherine
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Au bord du fleuve et de la crise de nerfs, l’actrice d’Almodovar se jeta sur ses tapas et dans l’arène et fit face au taureau, drapée d’écarlate et dans sa dignité. La bête cornue vit rouge et au dernier moment cette intruse qui la bravait car elle démarrait une myopie et sa motocyclette, en panne depuis bientôt une semaine ! Car, oui, les taureaux roulent des mécaniques et en deux roues au pays des castagnettes, que croyez-vous ? Et comme ailleurs, impossible de trouver du réconfort et un garagiste compétent sans le payer de sa personne et très cher. Or, notre taureau n’était pas ni de la jaquette ni adroit de ses pattes. Aussi, depuis des jours, il rongeait son frein et ses sabots en attendant qu’un garagiste lui rende sa raison de vivre et sa moto en état. Et c’est pourquoi, penché sur sa moto et sur la question, il n’avait pas vu venir à lui cette furie incandescente. La femme renversa la bête et ses tapas, poussa un cri de victoire et la moto et, sous les applaudissements de la foule en délire, mit le nez et ses mains dans les entrailles de l’engin… et le répara en deux temps trois mouvements, laissant le taureau abasourdi et sur la sable. Quelle chute mémorable !!!
Cécile
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Zeugmas en balade
Berthe prit son pied et la porte.
Dehors un homme courait après le bus et sa vie qui s’enfuyait à grandes enjambées.
Elle se dit qu’elle devait se dépêcher de faire ses courses et le point sur sa vie.
Elle rentra dans son appartement et en elle-même.
Combien de temps lui resterait-il pour profiter de la vie et de la bouteille de vin qu’elle avait entamée la veille ? Tout était tranquille autour d’elle. Elle s’assit pour ne pas perdre une seconde de la plénitude de ce moment et pas une goutte du nectar qui emplissait son verre.
Elle remercia la vie pour cet instant béni et la bouteille qu’elle venait de vider. Un peu grise elle décida d’aller se coucher.
Dany
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Tour du monde et demi-tour
J’ai 20 ans, je me sens des ailes et des envies de parcourir le monde.
Je fais donc mon baluchon et mes adieux. Et avec autant d’économies que d’appréhensions, c’est-à-dire très peu, j’enfourche ma mob et mon excitation.
À moi le monde et l’ivresse des aventures ! À moi les découvertes et les découverts bancaires ! À moi l’euphorie de la liberté et des plats exotiques. Je pars, au nord, sud, est, ouest, qu’importe la direction pourvu que je sois en route et en forme pour le périple d’une vie. Car il est temps, à 20 ans, de couper le cordon familial et court à toute protestation. On se sent fort et invincible, il est l’heure de partir se frotter au monde et les mains de contentement ! Je pars, en voyage au-delà des mers et des doutes qui m’envahiront assurément un jour ou l’autre, mais là, je suis rempli de bonheur et de victuailles que maman m’a supplié d’emporter afin que je ne tombe pas trop vite d’inanition ou de désillusion… Elle m’a fait promettre en pleurant de lui envoyer régulièrement de mes nouvelles et des timbres des pays traversés.
Alors me voilà déjà loin de ma ligne d’horizon habituelle et d’imaginer ce qui m’attend au coin de la rue. Ma mob toussotte, crachotte, poussive à la première côte, je pédale à fond dans le vide et le désespoir de voir mourir sous moi mon fier destrier et engin de malheur…. L’aventure tourne court et moi à droite pour rejoindre la maison.
Françoise
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On devrait taper sur des bambous plutôt que de taper sur des manifestants !
Battre le pavé pour des causes justes, plutôt que de se battre !
Coller des affiches à tour de rôle, plutôt que des étiquettes sur les fronts !
Un jour, il serait utile à tous, de se mettre autour d’une table, avant de mettre la table chacun chez soi !
Pour écouter mutuellement nos colères au lieu d’écouter la télé sur nos canapés !
Ahlala ! Comme le disait je ne sais plus qui (désolée !) « L’Histoire ne se répète pas, elle bégaie ! »
Qu’attendons – nous pour ouvrir grand nos yeux et nos oreilles, au lieu d’ouvrir le feu ?
Rallumer l’espoir plutôt que de rallumer les flingues !
Relançons la paix, plutôt que des roquettes !
Tirons des révérences et non des balles !
Serrons – nous la main, plutôt que la vis !
Attrapons nos rêves, plutôt que des prunes !
Et souriez à la vie, au lieu de sourire jaune …
En pédalant droit, et non dans la semoule !
Vent debout ! Et bon vent !
Kristell
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Ce matin-là, il se sentait gai comme un phoque et comme un pinson. La veille au soir, il avait en effet pris l’escalier en montant et le conte à rebours. Après le petit-déjeuner, où il s’était enfilé deux œufs au plat, la comtesse à contresens et la rue Félicie, aussi, il décida de retourner sa Jacquette et chez lui où l’attendait son épouse et peut être, qui sait, tout vient à point. En quelques pas, il arriva à la station de métro et à renouer sa cravate. Une jeune femme, qui ne lui sembla ni buse, ni trop laide, lui indiqua qu’il n’y avait plus ni bus, ni trolley. Il opta donc pour le train. Monté comme un âne et dans la rame, il choisit de s’asseoir. Il déplia ses grandes guiboles et son journal. En face de lui se tenait une vieille dame qui ne faisait ni son âge ni les mots croisés qui reposaient grand-ouverts sur ses jambes décroisées. Elle avait dans la main un grand bouquet de fleurs, un ticket de Loterie et un poil à gratter qu’elle s’apprêtait à utiliser pour ses démangeaisons. Elle le dévisageait tout en envisagent de passer un peu d’avenir avec lui. S’enhardissant, elle lui offrit un sourire et la botte aussi. Tout cela se dit-il, sentait la rose et l’arnaque. Il le lui fit savoir de plus en plus fort. Alors qu’on arrivait à la gare suivante et au paroxysme, le ton monta et la morue descendit.
Philippe
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MANUEL POUR DISTINGUER LES BONS DES MECHANTS
LES BONS
La personne qui est bonne sourit souvent.
Elle est positive.
Elle s’intéresse aux autres.
Elle regarde son interlocuteur.
Elle est bavarde ou parle peu.
Elle dégage de bonnes ondes.
Elle peut être laide, quelconque ou belle mais quelque chose dans son apparence inspire confiance.
LES MECHANTS
La personne méchante présente une bonne apparence pour attirer les gens.
Elle paraît sympathique.
Elle peut être mielleuse.
Elle fait des remarques qui font mal.
Son regard est froid.
Son sourire n’est pas franc.
Ses canines sont parfois grandes comme si elle voulait dévorer sa proie.
Elle est souvent belle ou pleine de charme.
Elle est moqueuse.
Elle aime souligner les défauts des autres.
Elle aime rire des défauts des autres.
Elle manque de confiance en elle ou au contraire déborde de confiance en elle.
Une personne méchante est difficile à cerner.
Elle a mis dans son langage et dans son apparence des aspects qui la font passer pour une bonne personne.
Pour déceler une méchante personne il faut du temps.
Conclusion : Méfiez-vous des bonnes personnes !
Souvent, ce sont de méchantes personnes bien déguisées !!!!
Christine
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Lorsque l’enfant paraît, la famille se réunit autour du berceau et s’exclame :
· Oh qu’il est mignon ce petit ange
Et aussitôt des ailes semblent lui pousser. Puis lorsqu’il grandit les parents se désolent :
· Mon dieu quel petit diable.
Et comme par enchantement des petites cornes rouges s’installent virtuellement sur son front.
Dans son laboratoire le professeur Chernet cogite. Après avoir dans sa famille rencontré ces deux situations il s’interroge … Et si dans la vie réelle nous pouvions distinguer les bons des méchants. Faudrait-il leur tatouer sur le front des ailes ou des cornes ? Dans ce cas les bons seraient toujours des bons et les méchants des méchants. Pourtant tout le monde sait qu’un être humain peut évoluer. Des bons pourraient devenir méchants dans certaines circonstances. Des méchants sous de bonnes l’influences seraient amenés à s’amender.
Alors la bonne solution serait-elle de graver sur la peau les deux symboles qui prendraient une couleur : bleue pour les bons, rouge pour les méchants. Ne serait-ce pas discriminatoire ? Le professeur Chernet ne sait plus à quel saint se vouer.
Où se situe la ligne de démarcation. La couleur des ailes pourrait-elle être bleu ciel pour les très bons et bleu marine pour ceux qui ne sont plus très bons mais pas vraiment méchants ? Celle des cornes prendraient la couleur du rose ou du rouge carmin.
Le chercheur en perd son latin.
Rosa rosa rosam
Rosae rosae rosa
Rosae rosae rosas
Rosarum rosis rosis
Soudain il sent une forte chaleur lui monter au front. Mon dieu que m’arrive-t-il ? Son épouse lui téléphone. Chéri ne m’attends pas ce soir je dîne avec un vieil ami de la Fac. Il fulmine. Ma femme me tromperait-elle ?Des cornes me pousseraient-elles ? Un miroir lui montre son visage cramoisi. Lui le scientifique apprécié sent monter en lui des pulsions de meurtre. De bon il pourrait devenir méchant. Juste sur une information non avérée. De pacifique et bon mari il basculerait en meurtrier. La ligne est si vite dépassée.
En toute humilité il se rend compte que cibler les gens et les confiner dans une case peut être définitif alors qu’il vient de comprendre qu’il ne faut pas grand-chose pour se retrouver de l’autre côté de la bande blanche.
Le soir en rentrant il caresse son chien, une brave bête qui a bien faillit dévorer le facteur qui mettait un colis dans la boîte aux lettres. Il se verse un whisky avant de déguster le repas que son épouse lui a concocté avant d’aller à sa soirée. Le lendemain son chien aboie toujours contre le facteur en revanche sa femme lui narre sa soirée où la compagne de son copain de fac était présente aussi. La vie reprend son cours.
On n’entendit jamais parler de ses recherches.
Jacqueline
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– Fastoche, la partoche. Tu te mets à droite. Tu mets tous les autres à gauche. Et où ils sont, les méchants, je te le donne en mille ?
– Autre jeu : pour distinguer les bons des méchants, il faut déjà les avoir à l’œil, les fameux bons qu’ont les méchants. Ce sont des bons de réduction, des bons restaurants, des bons plans. Suffit de leur chouraver leur bons aux méchants et hop, bon débarras ! Un méchant sans bon, c’est un gentil qui s’ignore.
– Vous mettez un bon et un méchant dans un bocal. Vous agitez bien. Vous n’arrivez plus à les distinguer parce qu’ils se chamaillent. Quand vous les ressortez du récipient, ils ont déteint l’un sur l’autre. Et vous avez raté l’expérience.
– Avec votre salive, vous crachez un peu de bonne humeur dans un tube à essai. Vous n’obtenez pas le résultat escompté et cela vous met de mauvaise humeur. Et le test est réussi.
– On dirait que les Gilets jaunes, les Antivax sont les méchants, d’accord ? On dirait que toi, tu es dans le camp des gentils (Castaner, Véran, Delfraissy sont tes copains). Eh bien, tu regardes la télé et tu t’aperçois que t’es dans le bon camp. Chouette, non ?
– On peut encore faire la distinction : lait bon et lait méchant. Le lait bon est généralement bio, le lait méchant est plein de pesticides. Pour savoir celui que tu as consommé, tu regardes si tu développes un cancer ou non !
– L’est bon, l’est méchant ? C’est celui qui dit qui l’est !!!
Jean-Yves
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Ce matin, je me suis levée de très bonne heure. Je vais à la salle de bains, je me rince le visage, étale ma crème de jour. Aujourd’hui, la lumière qui orne mon front est au vert. Je m’habille, prends mon ciré et descends rapidement les escaliers. Tout le monde dort encore. Tout va bien.
En bas, c’est jour de marché sur les quais. Je traverse la rue, au vert pour les piétons. Cette petite mamie qui marche dans ma direction a le front de la même couleur.
Le marchand de fruits et légumes… Idem ! Lui aussi a le front éclairé de vert. Le pâtissier, à côté de lui, a le front qui clignote. Il est en sursis entre le vert et le rouge. Un alcoolique notoire, qui battait femme et enfants. Mais il paraît qu’il essaie de se racheter une bonne conduite. C’est pour cela probablement qu’il clignote aujourd’hui entre le rouge et le vert.
Je remonte le quai jusqu’à la fin du marché. Il y a de tout, mais surtout des gens au front vert. A priori, de bonnes personnes.
C’est pratique, depuis qu’on nous injecté ce vaccin, on peut voir qui est bon, qui est mauvais. Maintenant, je prends le métro avec beaucoup plus de confiance. En effet, depuis quelque temps, les malfaiteurs sont stigmatisés. Ils ont le front rouge et on peut facilement les repérer. Dans le métro, si l’un d’eux fait une tentative de vol, aussitôt, les « fronts verts » se regroupent et lui sautent dessus.
Quel bonheur ce vaccin ! Il a vraiment changé nos vies ! Décidément, on vit dans un monde idéal !!!!!!!!!!!!!!!????
Jocelyne
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Les bons et les méchants ont le même nombre de dents
Le matin ils se lèvent soit d’un pied soit de l’autre
Devant la glace se jettent un coup d’oeil avenant
Les bons et les méchants se pensent bon apôtre.
Ils n’ont pas l’intention de nuire ou de tuer
De la même manière ils usent des coutumes
Aimables ou renfrognés commencent la journée
En saluant leurs pairs marchant sur la chaussée.
Les bons et les méchants comment les distinguer
En se mettant soi-même sous les feux de la rampe :
Aïe aïe aïe ça fait mal je ressemble à Circé
Moi qui m’imaginais plus douce qu’une estampe.
Les bons et les méchants c’est vraiment embêtant
S’ils sont beaucoup dehors, sont aussi en-dedans
Mais à chaque seconde la chance est avec soi
Son méchant on le vire, et son bon on le choie !
Marie-Pierre