J’ai oublié
J’ai oublié d’où je viens
J’ai oublié de retrouver le chemin
J’ai oublié de me souvenir
J’ai oublié de m’épanouir
J’ai oublié de regarder en l’air
J’ai oublié de demander à la Terre
J’ai oublié de regarder autour
J’ai oublié d’écouter l’Amour
J’ai oublié de tourner la bonne clé
J’ai oublié de laisser la lumière entrer
J’ai oublié d’arrêter de croire
J’ai oublié de renoncer à ces histoires
J’ai oublié de m’élancer vers le ciel
J’ai oublié que j’avais des ailes
J’ai oublié qui j’étais vraiment
J’ai oublié que le trésor était dedans
Et puis un jour
J’ai oublié d’oublier
Anne-Claire, Colmars-les-Alpes
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J’ai oublié nos frissons le soir au fond des bois
J’ai oublié les perles d’eau sur ma peau
J’ai oublié le sable chaud qui crisse sous nos pas
J’ai oublié nos baisers tendres tout beaux tout chauds
J’ai oublié ton regard de fou les jours de grand vent,
J’ai oublié ta main froide sur ma joue en feu,
J’ai oublié la triste ride au coin de ton oeil gourmand.
J’ai oublié, c’était un jeu de petits amoureux
J’ai oublié tous les froids Vendémiaires,
J’ai oublié que je comptais pour du beurre,
J’ai oublié que tu voulais le beurre, l’argent du beurre, mais pas la crémière.
J’ai oublié que je voulais le docteur, mais avec un grand coeur.
J’ai oublié que tu n’étais pas méchant vraiment.
J’ai oublié d’être un peu moins bête,
J’ai oublié de t’oublier.
Françoise de Caluire
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J’ai oublié de vivre, que Johnny me délivre !
J’ai oublié d’aimer, mais ce fut partagé
J’ai oublié de geindre, mais aussi de me plaindre
J’ai oublié de rire, j’étais en plein délire
J’ai oublié de croire, à mon grand désespoir
J’ai oublié de voir, quand j’étais dans le noir
J’ai oublié de jouer, je cherche ma bouée
J’ai oublié de prier, à quel saint mendier ?
J’ai oublié de parler, mon larynx est voilé
J’ai oublié de me taire, ma langue est une vipère
J’ai oublié de sentir, mes narines sont dans l’ire
J’ai oublié d’haïr, je mens comme je respire
J’ai oublié de courir, j’apprends à ralentir
J’ai oublié de respirer, mon état a empiré
J’ai oublié d’oublier, ma mémoire m’a supplié
Jean-Yves, Montpellier
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J’ai oublié de vivre…
J’ai oublié de poster la lettre au Père Noël pour qu’il m’envoie le mode d’emploi de l’existence, la voie de la joie permanente, le regard émerveillé de l’enfant, la datation carbone du temps qui passe depuis des millénaires au travers les plaines désolées d’une terre courroucée par la mise à mort du multiple.
J’ai oublié la clé des songes, le sésame des rêves impossibles, l’espoir d’accéder enfin à la princesse inaccessible, la folie des impasses vaincues, la sagesse des routes désertes,
J’ai oublié l’ivresse de l’oubli, l’errance sans but, le chemin de chaque jour sans fin, mon bâton de pèlerin caché sous l’habit qui ne fait pas le moine.
J’ai oublié ma montre, celle qui me montrait le chemin à coup sûr, le temps dur qui érige des murs derrière la frondaison des saisons incertaines et pourtant répétitives dans le grand mouvement de l’inéluctable.
J’ai oublié l’enfant, j’ai oublié le jeu, j’ai oublié la marelle, le chemin entre la terre et le ciel.
J’ai oublié le ciel, j’ai oublié la terre, j’ai oublié l’horizon des possibles au-delà des certitudes qui fomentent les impossibilités.
J’ai oublié la rédemption, ce miracle contre le destin, cette révolte contre le fourvoiement, cet embranchement invisible qui ouvre sur la lumière.
J’ai oublié de vivre simplement, humblement, sans ambition autre que d’être.
Yves – La Mulatière
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Mêli-mêlo de citations
Frères humains qui après nous vivez, sachez que vous pouvez traverser des moments magiques, admirer des peintures, dresser des portraits, enlacer des êtres, vous faire désirer ! Mais en gardant bon pied, bon œil ! Cette vieille histoire de faux frères est derrière vous : l’œil était dans la tombe et regardait Caïn. Gardez vous bien d’en vouloir faire l’expérience, trahison, vengeance, haine, coups et blessures… Regardez plutôt la ligne bleue des Vosges où cet homme a vu pour la première fois refleurir la paix ! Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! Mais l’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. J’ai dormi pendant des lustres, ne sentant ni la pluie, ni le vent, faisant corps avec la terre… puis un rai de soleil a jailli et mon verre s’est brisé comme un éclat de rire. Toutes mes dents se sont mises à vibrer telles les touches du piano, un concert s’est élevé… Oh toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais. Toi, tu avais senti que ces dons immenses nous mèneraient vers des ciels hardis. J’ai dit oui avec ta tête et mon coeur s’est balancé de toutes ses forces vers la lumière ! L’homme de la paix a répété : « il dit non avec la tête mais il dit oui avec le cœur ». Des ailes m’ont poussé, tu es monté sur la sellette et avec beaucoup de souplesse je me suis élancée, je plie et ne romps pas, je donne de l’élan à nos amours volumineux et volubiles ! La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur dans une arabesque gracieuse et pleine de promesses. Soeurs qui vivez après nous, aimez !
Claire, St Laurent du Pont, Isère
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Frères humains qui après nous vivez, soyez certains que l’œil était dans la tombe et regardait Caïn. Oui, je vous le promets. Ce n’était point une vue d’un esprit ayant abusé de l’alcool en cette fin d’année. Non, l’œil était bien-là. Un œil de bœuf mis en terre par des végans pour dégoûter à tout jamais Caïn de la viande. Quand il raconta sa mésaventure à sa meilleure amie, elle lui répondit, en parlant de lui à la troisième personne car il avait un petit côté Alain Delon assez prononcé :
« Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! ». Cela le rassura. Elle aussi avait donc été la victime de ces fous furieux qui voulaient convertir le monde entier à leur secte végétale. Il se sentit moins seul, même s’il restait, par nature, mélancolique, et pensait, souvent que l’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. Oui, depuis que les écolos avaient pris le pouvoir, il avait perdu espoir en l’humanité. Il en était par moments tellement contrarié qu’il rapporta ce qui lui était arrivé à son amie : un jour, mon verre s’est brisé comme un éclat de rire entre mes doigts tant je l’ai serré en entendant leurs dernières trouvailles ! Quoi, la chasse au foie gras était lancée dans cette ville capitale de la gastronomie ! Quel affront ! Lui qui élevait des oies depuis toujours et qui les berçait en leur chantant « Oh toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais. », il ne comprenait pas. Alors il dit non avec la tête mais il dit oui avec le cœur à ses oies tant aimées. Quoi qu’il arrive désormais, quelque décision que prendraient ces nouveaux dictateurs, il avait érigé en devise « Je plie et ne romps pas. » et s’y tenait. Il ne céderait pas un pouce à leurs délires. Ah, il n’était pas près de dire à la belle végan qu’il avait rencontrée la veille : « La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur. »
Cécile, Perrache
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Composition imprévue…
Frères humains qui après nous vivez,
Souvenez- vous de votre histoire,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn…
Je n’ai peut-être pas votre intelligence, mais je suis curieux,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir.
Je n’ai pas non plus votre optimisme,
L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Je sais mes pouvoirs surnaturels et ma tristesse contagieuse,
Et mon verre s’est brisé comme un éclat de rire.
Tu es une femme dangereuse et maléfique,
Oh toi que j’eusse aimé, ô toi qui le savais,
Tu aurais pu me mettre en garde et me faire croire à ton amour.
Elle dit non avec la tête, elle dit oui avec le cœur.
Elle reste de glace et répond en soupirant
Je plie et ne romps pas.
Tu as beau faire, tu as beau dire, je t’admire plus que tout,
La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur.
Jacques, Chaponost
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Frères humains qui après nous vivez
Bon courage, car, je sais qu’on vous a laissé une planète bien saccagée
Mais aussi, des inventions géniales qui vous faciliteront la tâche
Et de grands penseurs pour philosopher sur la condition humaine
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn
Bien sûr le Mal doit rester puni
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir
Car j’ai moi aussi vu cet œil ! Comme Caïn ! Et
L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir
Je t’ai perdue à tout jamais, il ne me reste que regrets et culpabilité
Et je me suis mis à boire des litres et des litres d’alcool du soir au matin
Et mon verre s’est brisé comme un éclat de rire
Même lui se moquait de moi !
« Oh toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais.
Je me regarde dans le miroir :
« Il dit non avec la tête mais il dit oui avec le cœur. »
Comme un roseau dans la tempête,
« Je plie et ne romps pas. »
Mais je suis malheureux comme une pierre, avec ce cœur qui te dit encore oui malgré ma douleur
« La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur. »
Quand je ferme les yeux, ton visage m’apparaît et je meurs d’avoir quitté le tien
Kristell, Beauvezer
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« Frères humains qui après nous vivez. »
Si au moins vous saviez, si au moins vous pouviez.
Frères humains qui après nous vivez
Cessez de rigoler
Sérieuse est ma pensée.
« L’œil était dans la tombe et regardait Caïn. »
Oui, je vous le dis si bien.
Et l’œil n’était pas mien.
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.
« Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! »
Je l’ai vu sans le vouloir.
Mais j’ai bien vu ce que l’homme a cru voir !
« L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. »
Me laissant là, seul avec mon désespoir.
Et l’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
« Et mon verre s’est brisé comme un éclat de rire. »
Soudain, oui, mon verre s’est brisé comme un éclat de rire,
Et tu me regardais, laissant échapper un soupir.
« Oh toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais. »
Pourquoi continuer à le nier ?
Pourquoi me laisser espérer depuis tant d’années,
Oh, toi que j’eusse aimée.
« Il dit non avec la tête mais il dit oui avec le cœur. »
Il dit oui avec le cœur, mais sa raison s’entête.
Sa raison sans tête…
Soudain, il relève la tête,
Replace sa mèche rebelle
Et repart de plus belle
En chantant à tue-tête :
« Je plie et ne romps pas. »
Je plie et ne romps pas.
Je plie et ne romps pas.
Je suivrai tes pas.
Oui je suivrai tes pas
Car la courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur.
« La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur. »
Jocelyne de Brindas
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« Frères humains qui après nous vivez. »
En ce désert aride, en ces plaines asséchées
« L’œil était dans la tombe et regardait Caïn. »
Nous le savions déjà, nous poursuivions sans fin
« Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! »
Une main qui se tend, un coeur à émouvoir
« L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. »
Tempêtes inutiles des humains muselés,
Nuages lourds de plomb sans savoir éclater,
« Et mon verre s’est brisé comme un éclat de rire. »
C’est parfois sans un bruit que s’approche le pire,
Amie qu’avons-nous fait, bras-dessus, bras-dessous,
De nos longues errances, ta joue contre ma joue,
« Oh toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais. »
Dans ma bouche s’éteint le goût de nos excès
« Il dit non avec la tête mais il dit oui avec le cœur. »
C’est bien tard pour blêmir en repensant ces heures
« Je plie et ne romps pas. »
Ta main est posée là,
Ton pied léger balance, est-ce vrai, est-ce un leurre ?
« La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur. »
Marie-Pierre, Beauvezer
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Grands classiques et petit Patrick
Oh vous, frères humains qui après nous vivez
Vous ne vous souciez guère de tous vos trépassés !
Certes l’œil était dans la tombe et regardait Caïn,
Mais c’est le seul regard vu depuis la Toussaint
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir,
Du fond de son tombeau encore attendre et croire,
Nier que l’espoir a fui vaincu vers le ciel noir.
J’attendais que tu viennes apportant de quoi boire
Et mon verre s’est brisé comme un éclat de rire.
Alors, viens et contemple ce que tu fis mourir,
Oh toi que j’eusse aimé, ô toi qui le savais
Ce qu’on disait de moi du temps que je vivais :
Il dit non avec la tête, il dit oui avec le cœur
Et ne méconnait pas, des amours, la douceur
Et les douleurs aussi. Je plie et ne romps pas,
Car c’est toi qui rompis et ne t’expliquas pas.
La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur
Même s’il ne bat plus, sans maux, mais sans bonheur.
Patrick, Villefranche
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Néo-alexandrins
Demain, la pluie est annoncée, c’est dommage,
Deux mains tendues pour recueillir la pluie, c’est beau !
Bientôt boire cette eau pour se désaltérer
Bien tôt pour se lever un jour de pluie, bien trop tôt !
Christine de Villeurbanne
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Oh comme est belle la Bretagne !
Océanique tournée vers l’Atlantique
Terre et mer landes et dunes
Taire tes combats est impossible
Habitants d’une contrée de légendes
Habits folkloriques coiffes de nos grands-mères
Voiliers se réunissant pour des courses lointaines
Voiles liées au mât gonflées par le vent, caressées par la brise
Îles du ponant de Belle-Ile à Ouessant vous nous faites rêver
Ildut, Vrac’h, Benoît abers du Finistère découpent la côte
Origine de mes ancêtres mon Morbihan ma petite mer ma mère
Or je n’y suis pas née ma mère ayant migré vers la Capitale
Parisienne de naissance bretonne de cœur, métissée …
Pari fait d’y finir mes jours
Jacqueline, la bretonne
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Ainsi va la vie
Dans ce grand bastringue
Dansent comme des dingues
Des jeunes, pendant que leurs aïeux
Déjeunent bien à l’abri du temps pluvieux
L’accordéon enchaîne valses et tangos
L’accord des plats se fait sur du Margaux
Main dans la main un couple regagne son banc
Maintenant la conversation glisse sur le Liban
Au dancing ça on se colle, ça échauffe les corps
Au dentier le chocolat se colle chez les séniors
La lumière s’éteint la tendresse s’installe
La Lulu se lève en bougeant son quintal
Jérôme et Sandy entament une aventure
Gérard et Lucienne regagnent leur voiture
La Rousse et le boutonneux s’embrassent
La roue tourne et le temps nous dépasse
Hein ? si, j’ai envie
Ainsi va la vie
Philippe, Lyon 1er