Au menu de ce mois de mai 2023, des mensonges plus ou moins pieux… et un condensé d’humanité.
Le mensonge
Julie reposa son téléphone portable. Elle avait répondu à son neveu Martin. Celui-ci avait parlé d’une voix plaintive pour annoncer que, bien enrhumé à cause des allergies, il ne pourrait pas venir l’aider à préparer le gâteau basque dont ils rêvaient tous les deux.
Julie sentait quand on lui mentait. Elle avait ce don en elle depuis toute petite !
Bon, pensait-elle. Il ne perd rien pour attendre.
Je vais bien le taquiner la prochaine fois que je le verrai.
J’ai entendu à la radio tout à l’heure qu’un match de football avait lieu ce soir au stade de l’OL. Je suis sûre que sa petite voix n’est qu’un leurre.
Il a dû se rendre au stade avec ses amis.
Notre prochaine séance de pâtisserie va être très amusante pour moi !
Comme je vais m’amuser !
Christine de Villeurbanne
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Madame, je viens de vous créer. Belle, le regard clair, les cheveux attachés par une pince couleur ciel. Auprès de votre coeur, j’ai mis un peu d’IA. Ainsi vous détectez les mensonges, tous les mensonges.
Vous marchez d’un bon pas près de la Saône, comme elle brille par ce grand soleil. Là, vous croisez un homme, jeune, beau, bien habillé. Bonjour, bonjour. J’arrive de l’Ile Barbe . »Que nenni » distille votre coeur IA. Le Merveilleux arrive plutôt de la préfecture, car il appartient à la DGSI.
Pinocchio et lui sont plus liés que vous ne le serez jamais avec cet impossible amant menteur.
Vous avez deviné, je suis Geppetto.
Geneviève, Caluire
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Histoire débile
« Tu m’aimes ?
– Non ! »
Et ce fut le début d’une grande histoire d’amour !
Jack se voulait indépendant, libre de toute contrainte, sans attache, sans engagement aucun. Nous nous sommes rencontrés par l’intermédiaire de Gueule de Loup que j’ai connue sur un forum pour personnes ayant un don extraordinaire et qui est vite devenue une très bonne amie. J’en ai rencontré des gens bizarres sur ce site comme cette Gueule de Loup qui affirmait pouvoir parler aux animaux. Un certain maki du Parc de la Tête d’Or lui aurait dévoilé que les loups préparaient une attaque de grande envergure contre l’espèce humaine. Je n’ai jamais su le fin mot de cette histoire, mais je la savais sincère, car si j’étais sur ce forum, c’est que j’ai le don incroyable, et inné, de savoir avec certitude si quelqu’un ment. Cela m’a été très utile dans la vie et spécialement dans mon job !
Ce fut lors d’une soirée chez elle que j’ai rencontré Jack.
Il avait hérité de l’immense fortune familiale, ce qui lui laissait toute liberté de vivre à sa guise, c’est-à-dire ne rien faire de fatiguant. Nous nous sommes plu tout de suite, le courant passait bien entre nous et nous échangions souvent, surtout le week-end car, moi, je devais travailler pour vivre ! J’étais prof de maths. Sa nonchalance, son calme et son humour m’ont tout de suite séduite. Je n’avais jamais croisé un tel personnage. Oui, ce fut une belle histoire ! Grâce à ses facilités financières et à mes nombreuses vacances, nous sommes souvent partis en voyage.
Mais mon ami s’ennuyait. Puisque tout lui était donné, il n’avait à se battre pour rien. Et si au début la richesse facile a été pour lui une grande jouissance, il m’avait confié qu’il commençait à se lasser de cette vie. Ce qui lui plaisait en moi, c’était ma vie trépidante, entre mon travail et mes nombreuses activités. Je ne lui ai pas parlé de mon don tout de suite, de peur qu’il ne me prenne pour une légère dérangée, et je ne voulais pas me livrer corps et âme de but en blanc, le personnage était tellement atypique ! Je pouvais, et voulais, être sûre avant de m’engager. Je suis une femme fondamentalement responsable et réfléchie.
Lors d’un voyage à Venise, il me proposa que nous vivions ensemble, tant il se sentait bien avec moi.
« Tu m’aimes ?
– Non ! »
Ma réponse l’interloqua ! Il resta bouche bée. Son regard se fit inquiet, il grimaça légèrement et bredouilla :
« Mais je croyais que … il me semblait …
– Tu sais, tu es peut-être habitué à ce que tout te soit offert, j’ai bien dit offert, je n’ai pas dit que tu penses pouvoir tout acheter, car tu es sincère sans le moindre grain de méchanceté.
– Hé bien alors, pourquoi me dis-tu que tu ne m’aimes pas ?
– Je t’apprécie beaucoup et j’aime être avec toi, mais ma vie me plaît telle qu’elle est, et il faudrait que tu l’acceptes ! Tu comprends ?
– Oui, bien sûr ! Je t ‘aime et je tiens à toi, loin de moi l’envie de te brider ! Je t’aime pour ce que tu es ! Je veux partager ta vie. » Je savais pouvoir le croire.
Notre voyage se poursuivit agréablement entre farniente et visites en tout genre. Ce soir-là, je voulais m’assurer que nous puissions vraiment vivre cette belle histoire.
« Tu pourrais m’accompagner dans des voyages scolaires ? Tu sais c’est beaucoup de responsabilités et un engagement de 24h sur 24. Ce genre d’escapade plaît beaucoup, car les élèves se croient libres et il souffle comme un vent de liberté sur ces jeunes.
– Je t’accompagnerai avec grand plaisir et tu n’auras pas à te plaindre de moi. Je sais m’occuper de jeunes, tu sais. » Là, je ressentis des paroles peu sincères.
« Que ferais-tu si un jeune ou plusieurs décident de se lancer dans je ne sais quelle bêtise ? Ça se produit à chaque voyage, tu sais.
– Hé bien, je les punirais comme il convient ! Privés de sortie le soir, par exemple, ou privés de la prochaine excursion, je trouverai bien !
– Ou les priver de dessert ? »
Jack mentait, il n’avait pas l’intention de s’occuper des jeunes, il voulait tout simplement être avec moi, il mentait, à lui-même et à moi. J’entrevoyais déjà qu’il me créerait plus de problèmes qu’une aide efficace. Je savais bien qu’il ne serait pas à la hauteur. Comment pourrait-il se comporter en personne responsable, alors que sa philosophie de vie jusqu’ici semblait très orientée vers un désengagement total de toute obligation ? Il cherchait à me convaincre, ou certainement à se convaincre lui-même !
« Tu sais, j’ai un don, je sais détecter le mensonge. Et là je sais que tu me mens.
– Mais c’est quoi ces salades ? répondit-il furieux, c’est toi qui m’as menti ! »
Il se leva d’un bond, l’air contrarié, il réfléchissait en faisant les cent pas dans la chambre, silencieux, mais visiblement très affecté. J’essayais en vain de me justifier, de lui faire comprendre que je voulais m’assurer de ses intentions, mais cela le rendait encore plus furieux.
« Tu sais quoi ? reprit-il, je préfère en rester là, tu n’as pas été honnête avec moi, je suis très déçu et j’ai l’impression d’avoir été abusé. » Là il ne mentait pas et je me rendis à l’évidence que je l’avais blessé. Il ne dit plus un mot et se mit à faire ses bagages. Je l’observais, embarrassée d’avoir effectivement trahi sa confiance. Je le laissais faire, il se dirigea vers la porte, et sans se retourner, il me dit :
« Adieu, je retourne à ma vie et toi à la tienne, c’est mieux pour nous deux. Tout est à ma charge bien sûr et si tu veux terminer le séjour, fais comme tu veux, mais c’est fini. » Et il sortit.
Je ne l’ai plus revu. Gueule de Loup n’était plus sur le forum, j’avais tout perdu.
Françoise de Caluire
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Je suis affligé d’un handicap depuis ma naissance. Mes oreilles bougent dès qu’on me ment. Tenez, l’autre jour, j’étais en train de regarder l’allocution d’Emmanuel Macron, droit dans les yeux. Eh bien, mes oreilles ont fait le même tourniquet que lors de l’affaire Cahuzac !
Pareil, lorsque ce prêtre était supposé faire des miracles, mes lobes ont tinté grave !!!
Idem, pour les policiers qui barraient la rue, l’autre jour : « Circulez, y a rien à voir ! » Ben si, justement, y avait à voir. On nous ment partout. Alors, ma première réaction, quand on me dit quelque chose, c’est de répliquer : « C’est vrai, ce mensonge ? » Et là, allez savoir pourquoi, mes oreilles se tiennent coites !
Jean-Yves, Montpellier
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Henriette est la plus belle, la plus intelligente des femmes qui existent. Elle a vécu des tonnes de choses dans sa vie, dans tous les domaines.
Aujourd’hui, elle a des formes bien arrondies voire très très arrondies, ses bras gonflés débordent un peu de graisse, son décolleté est un peu plissé, ses jambes très fatiguées, elle arbore une jolie coupe au bol, des cheveux fins et raides comme des baguettes, couleur serpillère, mais autrefois, aussi étrange que cela puisse paraître elle était… mannequin. Un très beau mannequin. Claudia Schiffer et Adriana Karembeu n’ont qu’à bien se tenir ! Les photos ? Elle n’en a pas gardé… Elle les a toutes brûlées lorsqu’elle a divorcé.
Aujourd’hui, elle ne quitte guère plus son domicile que pour se rendre à son club de tarot le lundi après-midi et à son club de tricot tous les jeudis. Mais autrefois, c’était une globe-trotteuse, une aventurière, une vraie de vraie. Elle a voyagé aux quatre coins du monde. Bien sûr, et Christophe Colomb, Alexandra David-Neel, ou plus près de nous Jean-Louis Etienne, Kersauson, ou encore Indiana Jones sont des petits joueurs à côté d’elle. Mais elle en parle toujours avec beaucoup « d’humilité », comme elle aime à dire en nous regardant avec… un peu de condescendance.
Il lui arrive encore parfois de voyager. Elle se rend alors en Ecosse où son fils, qui a vraiment réussi dans la vie, tient un grand hôtel de luxe fréquenté par tout le gratin de Grande-Bretagne et d’Outre-Manche voire même plus loin. C’est ainsi qu’elle y a rencontré Georges Clooney tout dernièrement, et qu’elle a même eu l’occasion de boire un café avec lui ! Elle n’a pas voulu prendre de cliché de ce moment inoubliable. Elle préfère le garder dans son cœur…
C’était le mois dernier. Elle n’a, en effet, fait aucune apparition dans ses clubs de tarot et de tricot, pour cause de vacances… Bizarre, il m’a bien semblé la voir à un arrêt de bus à deux rues de chez elle à la même période… Mais je dois me tromper. Si ce n’est elle, c’est donc sa sœur ! Sa sœur ? Ah ! Je ne savais pas que tu avais une sœur ! C’est nouveau !?
Ça me fait toujours rire quand on me prend pour un lapereau de six semaines ! On dit qu’on ne peut pas être et avoir été. Certains ont été de jeunes cons, et une fois vieux, ils le sont encore !
Jocelyne de Brindas
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Liste de personnes…
Emouvantes
Cet enfant lisant un poème à sa maman pour la fête des mères.
Cette vieille dame portant chapeau, robe et chaussures d’un autre temps, donnant le bras à sa petite fille en se rendant à l’église et se redressant de fierté.
Ce garçonnet à la SPA croisant le regard du chien vers qui il s’est spontanément dirigé.
Pitoyables
Cet élu à la tribune s’emmêlant les pinceaux en répondant à une question.
Cet olibrius qui au téléphone portable déclare à son amie que tout est fini tout en lorgnant la jolie demoiselle qui le regarde.
Comiques
Ces deux compères qui se racontent les exploits de leur jeunesse.
Ces mêmes compères qui après bien des bières, prises au bistrot du coin, essaient d’enfourcher leur bicyclette.
Ces compères qui après avoir réussi à monter en selle zigzaguent sur la route.
Rares
Ce jeune homme qui vient de risquer sa vie pour sauver une inconnue de la noyade.
Cet indien en costume traditionnel montant à la tribune pour défendre la survie de sa tribu
Troublantes
Ces pupilles qui me regardent derrière les verres de leurs lunettes de myope.
Etonnantes
Ce musicien sur la place qui entame une chanson suivi d’un autre musicien puis d’un autre et la chanson reprise par des spectateurs de plus en plus nombreux.
Ces danseurs des rues qui accompagnent les musiciens qui jouent de la musique classique.
Irritantes
La voisine du troisième qui interpelle celle du deuxième et ces deux commères qui se confient tous les potins du quartier. Elles font des mines de secret tout en parlant haut et clair.
Leur voisine qui écoute tout ce qui se dit tout en prenant un air outré.
Insupportables
Les mêmes voisines.
Révoltantes
Ces personnes qui pérorent et s’insurgent quand elles voient des sans abri dormant sur un banc et qui battent leur chien.
Ces personnes du gouvernement qui parlent du pouvoir d’achat des Français et ne connaissent pas le pris d’une baguette de pain ou d’un pain au chocolat voire d’une chocolatine.
Grossières
Tous ceux qui donnent du « vachement » à chaque phrase. Désolée je ne supporte pas. Oseraient-elles dire « chevalement » ?
Sympathiques
Les passagers de la vedette pour rejoindre l’île de Batz à Roscoff qui gentiment ont pris ma valise et le panier de Quya posé sur un diable.
Et au retour d’autres qui ont fait la même action de la vedette au quai de Roscoff.
Délicieuses
Ces religieuses dans la vitrine du pâtissier.
Jacqueline la bretonne