Livres imaginaires
A partir de titres de livres réels, imaginer l’histoire…
La bonne chance
Ce recueil de nouvelles comporte douze histoires différentes. Thomas, qui travaille à la poste, est malchanceux. Il part se promener à la campagne. Sur le sentier, un gros trou, mais comme il regarde en l’air (il a vu un oiseau au plumage étonnant) il tombe et se fait mal aux genoux. Ses amis l’aident à rejoindre leur voiture. Depuis son enfance, il enchaîne les galères… jusqu’au jour où…
Marlène et André ont hérité d’une maison avec un petit jardin. Ils ont un petit appartement qu’ils finissent de payer. C’est difficile pour eux d’entretenir ces deux habitations. Mais André est attaché à cette maison qui lui vient de ses parents… Il va falloir choisir. Mais soudain…
Voilà douze récits où un évènement imprévisible vient changer le cours de la vie des personnages : La bonne chance.
Christine de Villeurbanne
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Seule en sa demeure
Elle s’appelle Méline, sa vie est toute simple, en apparence… Depuis sa plus tendre enfance, elle cultive un goût pour les insectes et ils le lui rendent bien !!! Tout cela resterait anecdotique si elle ne se livrait à des jeux étranges qui font jaser au village. Ses accoutrements colorés dénotent sérieusement dans cette région de France, où l’on est plutôt classique. Méline sort le soir à pas feutrés et disparaît au carrefour de la route de Vieujeu, elle rentre au petit matin pour s’attabler devant un café frais moulu et des tartines beurrées… Elle papotte et discutaille ferme en cuisine dans une langue que personne ici ne comprend, le facteur l’a même entendue jurer haut et fort !!! Raoul, représentant de passage, est intrigué par l’originalité de cette femme, il entreprend une approche iconoclaste, la route est longue, mais ses découvertes vont faire tomber M. le maire de son estrade ! On n’est jamais mieux servi que par un Machaon !
Claire, St Laurent du Pont, Isère
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Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes
C’est le temps exact qu’il lui reste à vivre. Pourtant, Harry n’a jamais voulu croire aux voyantes.
Une vie bien rangée, un mariage plutôt réussi, de beaux enfants, un métier qui lui plaît. Mais tout a basculé lorsqu’au cours d’une soirée, une des invitées s’est improvisée diseuse de bonne aventure. En prenant la main droite de Harry, en étudiant les lignes de sa paume, elle a fait plusieurs prédictions. Cela n’aurait eu aucun intérêt, si toutes ne s’étaient révélées parfaitement véridiques. D’ailleurs, lorsque cette voyante avait indiqué à Harry quelle serait la date et l’heure de sa mort, Harry avait éclaté de rire. Mais là, à quelques encâblures de son destin, Harry ne riait plus du tout. Cette maudite sorcière semblait avoir un don pour entrevoir l’avenir et le sien était sur le point de basculer dans le vide, définitivement. Sauf imprévu ! Et c’est là qu’Olga a fait irruption dans sa vie, ou plutôt du peu de ce qu’il en restait !
Jean-Yves, Montpellier
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Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes
Ce livre que j’ai lu, pour le défi, en quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes, parle de défis. Dans ce monde de la performance, le narrateur nous fait entrer peu à peu dans la peau d’un jeune homme un peu obsessionnel, mais d’une obsession qui apparaît de prime abord comme commune, adaptée aux conditions d’existence où la concurrence gagne subrepticement tous les domaines de l’existence. Il faut travailler plus pour être reconnu, gagner plus pour se montrer à la hauteur grâce à des dépenses ostentatoires qui rehaussent le prestige, séduire plus pour choisir la personne la plus xxx (remplacer xxx par belle, intelligente, sensible, riche, disponible, etc etc)…
Dans l’avancement du récit, le héros consacre une part de plus en plus importante de sa vie à la recherche de l’excellence, du mieux, du meilleur, du plus fort, plus vite, plus haut. Il plonge dans le Guinness Book et tente les records à sa portée, au prix d’entraînements quotidiens de plus en plus exigeants. Sa vie privée en pâtit, à hauteur du nombre de records battus. La chute peut se lire comme un enseignement universel qui nous concerne tous.
Mais pourquoi quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes ? Le révéler divulgacherait quelque peu l’objet du livre, mais, puisque nous sommes entre nous et que je sais que vous ne le répéterez pas, je dirais qu’il s’agit d’une histoire d’érection. Pour certains, plus de quatre heures en érection c’est banal mais pour d’autres c’est titanesque. Néanmoins, depuis les primates, la plupart des êtres humains y arrivent. Mais, tout dépend l’objectif, car dans certaines circonstances, l’érection de quatre heures devient un véritable exploit qui peut faire de vous le héros du jour pour les hommes friands de compétition et les femmes pâmées d’admiration devant tant de puissance.
En effet notre héros s’inscrit à Koh Lanta et il arrive à tenir tout ce temps érigé sur la colonne.
Yves La Mulatière
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Contes et fables en haïkus
Synthétiser des contes et des fables imposés sous la forme de haïkus
(3 lignes de 5 syllabes, 7 syllabes et 5 syllabes et sans rime)
Je reviens de loin !
Je l’ai vu de bien trop près,
Hop ! Dévorée crue !
Princesse tu seras
Si comme les geishas là-bas
Petit pied tu as.
Fortune vient à qui
Sait comment tirer profit
Des pigeons très cons.
Vivre. Mais libre !
Voir le monde et ses plaisirs !
Le vieux bouc m’ennuie.
Travaille, ne joue pas,
Bosse toute l’année sans repos,
Bourre ton congélo.
Souffler c’est tricher
Mais tu t’es cassé les dents
Bien fait, gros malin !
Beau tu deviendras
Si tu prends le temps qu’il faut
Pour trouver ta voie.
Françoise de Caluire
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Calendos puant,
Pourtant, il le renifla.
Et s’en empara.
(D’après le corbeau et le renard).
Paille, bois, brique,
Souffle, souffle, loup,
Malice vaincra.
(D’après les trois petits cochons).
Jocelyne de Brindas
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Fourmi au labeur
Sa cousine pas levée
Au bal est allée
Si ponctuelle
Quand l’autre bat des ailes
Là au garde-à-vous
Encore un château
En bois à bâtir ce soir
Tandis que l’on dort
Réveil sera dur
Quand la faim te saisira
Tes pleurs je tairai
Kristell, Beauvezer
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Les bons contes font plus ou moins de bons haïkus
Du haut de sa branche
Tel Satan de son enfer
Le renard il tente
L’été tu chantais
Moi je faisais le tapin
Dansons maintenant
Rouges gourgandines
Engrangent de la galette
À la queue leu leu
Un petit cochon
Tout au fond de sa cahutte
Tremble aux courants d’air
A Rocamadour
Une chevrette en chaleur
S’offre au louveteau
La mare aux canards
Par la froideur pétrifiée
Une plume glisse
Philippe, Lyon 1er
“Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux”
Délirer autour de cette phrase de Ionesco, dans La cantatrice chauve
– Prenez un cercle dit le vieux professeur à ses potaches boutonneux. Prenez la tangente.
Les élèves interloqués quittent la salle. Le professeur reste interdit … de cours. Puis sortant il les rappelle.
– Voyons revenez je n’ai pas fini ma phrase.
– Prenez la tangente qui frôle la circonférence.
Un élève se lève :
– Sir, conférence c’est où et quand ?
– Ah vous êtes un petit plaisantin et pour la rigolade vous en connaissez un rayon.
– Même deux rayons monsieur mais là nous touchons au diamètre.
– D’accord, d’accord. Asseyez-vous. Vous troublez le cours du cours.
– Revenons à la tangente qui frôle la circonférence. Avec votre règle caressez la et faites monter une ligne.
– Une ligne de coke monsieur.
– Silence ou plutôt prenez une craie blanche.
– Vous voulez dire une raie blanche.
– Impertinent, allez au tableau et dessinez un cercle, un rayon, une tangente qui va de A à B.
– Abbé Quille monsieur.
Des rires fusent dans la salle et chacun de donner le nom des abbés de leur connaissance : Abbé Cane abbé Lard abbé casse abbé cassine abbé tailère.
– Silence !!! crie le vieux professeur qui manque s’étrangler.
– Prenez un cercle, caressez-le…
– Dans le sens du poil monsieur.
Le vieux professeur ne relève pas
– Il deviendra vicieux.
Alors en chœur les potaches déclament
– Prenez un cercle caressez-le il deviendra vicieux. La cantatrice chauve Ionesco.
Le vieux professeur quitte la salle la tête basse en murmurant : La géométrie parent pauvre des littéraires.
Jacqueline la bretonne
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Hula !
Hula Hoop !!
Je le caresse doucement,
Hula !
Il tourne autour de ses hanches,
Hoop !
Je lui saisis les mains avec délicatesse,
Hula !
Elle accentue alors le mouvement,
Hoop !
Le cercle ondule et remonte plus haut,
Hula !
Il tourne autour de son cou gracile,
Hoop !
Il descend brutalement vers son nombril,
Hula ! Hula !
Un désir indescriptible m’envahit,
Hoop ! Hula !
Cela ne tourne plus rond,
Hula ! Hula !
Le cercle chute à même le sol, et elle tombe dans mes bras,
Hula ! Hula ! Hula !
Hula Hoop !!
Jacques, Chaponost
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Alcide Boisrond aurait voulu appartenir au cercle de ces familles qui, à Montrond-les-Bains, étaient au centre de la sphère privilégiée, membres du Country Club, du Rotary Club, familles pour tout dire pleines de ronds. Pour lui qui vendait des ronds de serviette sur le marché forain et n’avait comme référence sociale que l’appartenance au Cercle Amical de la Boule Active Lyonnaise cette ambition semblait de l’ordre de la quadrature du cercle. Mais le hasard voulut que Nadja Sante, la plus jeune fille du propriétaire de l’usine de roulements à billes, ait une passion pour les ronds de serviette, qu’elle collectionnait assidument.
Dès qu’elle prit contact avec lui, Alcide crut à la roue de la fortune et sut que la demoiselle serait le Sésame qui lui ouvrirait les portes des cercles les plus huppés de la ville. Il troqua ses boules de pétanque contre des balles de golf et multiplia, à l’égard de la jeune fille, courbettes et ronds de jambes, l’encerclant de ses prévenances, l’entourant de ses assiduités. Nadja flattée d’être au centre d’une telle attention et ne doutant pas que Cupidon avait décoché de son arc deux flèches prenant pour cible leurs deux cœurs innocents, introduisit Alcide dans la sphère restreinte des privilégiés. Il aurait dû s’en tenir là, mais le cercle vicieux s’était refermé sur lui. Plus il courtisait la belle plus il sentait que montaient en eux des désirs qui étaient, disons gonflés, pour les représentants des cercles vertueux influents de la cité thermale.
C’est dans le Cercle des Amateurs de Courbes et Autres Sinuosités, fondé par quelques jeunes et riches débauchés, et dont l’acronyme en disait long, qu’arriva ce qui devait arriver. Un peu rond, très excité par la vénération des courbes jumelles des seins, des fesses, des cuisses qui était la principale raison d’être du Cénacle, Alcide pénétra le cercle le plus intime de Nadja, lui « défonçant la rondelle » devant témoins, comme il le proclama alors sans élégance,
La chose parvint aux oreilles d’André Sante, le père de Nadja, qui aurait peut-être pu fermer les yeux si une spirale de malchance n’eut voulu qu’il s’aperçoive quelques semaines plus tard que les courbes de la jeune fille s’arrondissaient. Ces rotondités excessives n’étaient guère de son goût car elles signaient le scandale et le déshonneur. L’homme avait sur ces sujets des conceptions diamétralement opposées au laxisme et à la tolérance ambiante. Il réagit au quart de tour, et c’est sans la moindre circonvolution qu’il chassa la jeune fille et son « coquin » du cercle de famille. Peu après Alcide prit la tangente, ses espérances de forcer les portes des plus hautes sphères ayant éclaté comme des bulles de savon. Et Nadja élève donc seule son fils. Elle travaille au rayon cycles d’une grande surface d’équipements sportifs, a du mal à boucler un modeste budget. Tournent en boucle dans sa tête les souvenirs des jours insouciants. Elle a incontestablement les boules d’avoir perdu les avantages qu’elle devait à son entourage, pour n’avoir pas su tenir compte de son cycle menstruel !
Patrick, Villefranche sur Saône