Je ne sais pas…
Variations autour de mêmes débuts de phrases
Je ne sais pas si je vais aller à cette fête.
Je ne sais pas pourquoi je suis invitée.
Je ne sais pas comment y aller
Je ne sais pas où me garer.
Je ne sais pas qui va m’accompagner.
Je ne sais pas combien il y aura d’invités.
Je ne sais pas à quel moment nous pourrons quitter la fête.
Je ne savais pas hier encore ce que je ferai samedi soir.
Je n’ai jamais su pourquoi je mets trois heures avant de prendre une décision.
Je ne saurai jamais si cette fête est bien si je n’ai pas le courage d’y aller.
Christine, Villeurbanne
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Je ne sais pas si… six scies peuvent scier six cyprès. Et si ces six scies scient six cyprès que scient six cent six scies ?
Je ne sais pas pourquoi… j’aime autant le chocolat… Taille-moi les hanches à la hache, j’ai trop mangé de chocolat…
Je ne sais pas comment… aller sur la Lune… Oui, je sais bien, en fusée !! Je voulais juste dire quelle tenue je vais porter : jean baskets ou robe de soirée à paillettes, pour marquer le coup ? Ah ! Il faut une combinaison spéciale ?? Spéciale ou spatiale ?
Je ne sais pas où… mettre les pieds… Il y a tellement de bazar dans cette chambre ! Comment tu veux que je la retrouve ma combinaison spéciale à paillettes ! En plus il se peut bien que je ne rentre plus dedans… Eh oui ! J’ai trop mangé de… chocolat !!
Je ne sais pas qui… m’a perdu mes clefs !… Non, pas les clefs de la Twingo, les clefs de ma fusée !!
Je ne sais pas combien… de zigotos partiront avec moi en séjour spatial pour le pont du 14 juillet… En tous les cas, ça promet d’être drôlement rigolo !!
Je ne sais pas à quel moment… il faudra que j’introduise la clef dans le démarreur de la fusée. Quoi ? Tu crois qu’ils me laisseront pas conduire ?
Je ne savais pas hier encore… que j’avais gagné ce voyage Objectif Lune.
Je n’ai jamais su pourquoi… j’ai toujours eu autant de chance. Il y en a qui ne s’attirent que des emmerdes, moi, c’est les voyages que j’attire !! Le prochain après la Lune, c’est destination Mars ! Oui, faire le tour du monde ça va bien, mais c’est devenu d’un commun !!
Je ne saurai jamais… si six cent six cyprès peuvent tenir dans une fusée… six cent six tablettes de chocolat, oui, mais six cent six cyprès ??
Jocelyne de Brindas
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Je ne sais pas si la musique adoucit les morses guettant les phoques alanguis sur la banquise.
Je ne sais pas pourquoi les femmes blondes préfèrent les cigarettes brunes.
Je ne sais pas comment commenter mon commencement.
Je ne sais pas où est passée ma houe.
Je ne sais pas qui peut tenir ça pour acquis.
Je ne sais pas combien font seize et Trois, suivant que l’on se trouve à Troyes, à Sète ou rue de Sèze à Lyon.
Je ne sais pas à quel moment je vivrai mes derniers instants.
Je ne savais pas hier encore que j’aurais tant envie de baiser à nouveau ces yeux qui me disaient «je t’aime ».
Je n’ai jamais su pourquoi les femmes brunes préféraient les cigarettes blondes.
Je ne saurai jamais quels furent tous ces hasards, toutes ces rencontres improbables, tous ces accidents évités, tous ces matins brumeux, tous ces orages d’été qui ont permis qu’aujourd’hui je sois.
Philippe, Lyon 1er
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Voyages d’anniversaire
Aller passer son anniversaire dans le département dont le numéro correspond à son âge
Aïe aïe aïe, je vais passer cette dizaine fatidique qui va me faire basculer dans le 3ème âge.
Après être l’année dernière me balader dans le Nord, me voici partie pour l’Oise.
60 ans l’âge fatidique. 3 fois 20 !! 3 fois la jeunesse est-il égal à la vieillesse ?
Mais plutôt que de me lamenter, je vais flâner aux bords de cette jolie rivière, l’Oise qui a donné son nom au département. Cette rivière tranquille, bordée d’arbres et de végétations luxuriantes bien vertes, c’est reposant, après toutes ces années de stress au travail.
Passe une péniche, je hèle le marinier et je lui demande de faire un bout de rivière avec lui. Je m’enroule dans une petite couverture, et je me laisse bercer par le clapotis, couchée à l’avant de la péniche.
Arrivés à Compiègne je me fais photographier avec en toile de fond la cathédrale.
Et là, je me reprends en main. Non tu n’es pas vieille, il reste encore 45 départements à visiter avant la fin de la liste, et encore l’outre-mer, cela me tente de le faire, mais atteindre 971 ans : pas possible !!! Bon 97 feront l’affaire !!
Allez à l’année prochaine dans l’Orne, va falloir que je regarde ma carte, je ne connais pas trop ce coin.
Christine de Caluire
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J’aurai bientôt 75 ans, et je veux les fêter, si toutefois cela mérite d’être fêté, dans ma ville natale que j’aime tant : Paris.
Oui vous avez bien entendu, Paris la capitale. J’irai retrouver mes meilleurs souvenirs de jeunesse. Le lieu de mes rendez-vous près de la fontaine Saint-Michel, les caves de Saint-Germain et le caveau de la Huchette où j’ai découvert le jazz qui a bercé mon adolescence, le parc du Luxembourg dont les bosquets ont abrité mes premiers amours, le Jardin des Plantes où je m’évadais avec mes copines pendant les heures d’école buissonnière, la gare d’Orsay où il m’est arrivé de m’endormir en attendant le premier train après mes virées nocturnes, qui est maintenant devenu un musée magnifique, le pont des Arts et l’île de la Cité où je pouvais rêver à mes heures perdues. Je ne vais pas énumérer tous les lieux où j’ai passé de merveilleux moments à tous les âges de cette période enthousiasmante.
Je terminerai mon voyage par Montmartre et la place du Tertre, qui n’a plus le charme d’antan avec ses artistes peintres renommés et ses poulbots, mais qui permet quand même de revivre dans l’atmosphère de mon cher « Paname », pour contempler une nouvelle fois le grand Paris depuis le haut des marches surplombant les jardins du Sacré-Cœur et le square Louise Michel.
Paris département 75 cela s’imposait !!
Jacques, Chaponost
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Voyager à la manière d’André Breton …
Au téléphone, la veille de mon anniversaire :
– Hahaha quelle bonne idée, Cécile, de partir en stop vers une destination qui m’est totalement inconnue : le département français portant le même nombre que mon âge ?!?
– Tiens – donc, ça tombe sur le 50 cette année, Kristell !
– Alors, oui, heu … 50 … Houlala ma géographie ?!? Donc, ce n’est pas la Marne, 51, mais juste celui d’avant … Ok ! Let’s go ! Merci pour cette idée géniale car je n’avais aucun projet de fête pour cette année !
Une fois raccroché, je ne réfléchis pas longtemps :
Bon, ça doit être bien au nord quand même, donc cap vers Paris ! Grand – axe : A8 Aix – en – Provence jusqu’à Paris ! Et puis, on verra bien, ça me laisse largement le temps de situer exactement le département 51 pour y débarquer, aujourd’hui ou demain … !
En route :
« Bienvenue dans la Manche » annonce le panneau de la sortie d’autoroute « Cherbourg centre » : Génial, m’y voilà !
Je salue chaleureusement mes adorables chauffeurs et compagnons de ce très long voyage (depuis Aix !) et descends de leur voiture.
Je ne connaissais de cette ville que le fameux film de Jacques Demy « Les parapluies de Cherbourg » avec Catherine Deneuve, une comédie musicale, je crois …
A peine arrivée, l’orage éclate et zut, je n’ai pas pensé au parapluie !
Je suis donc à pas de course le panneau indiquant « Manufacture des parapluies de Cherbourg » en espérant y trouver rapidement un abri, voire une boutique pour m’en procurer un …
Dans le hall de ce vaste édifice luxueux transformé en musée, les visiteurs s’apprêtent à commencer une visite, emmenés par un guide qui m’interpelle :
– Monsieur, soyez le bienvenu dans la plus ancienne manufacture française où se fabriquent depuis plus de deux siècles, sous vos yeux, les plus beaux parapluies du monde ! Nous vous attendons pour la visite qui commence dans un instant ! »
J’ai aussitôt acheté un billet et suivi le guide !
C’est ainsi qu’a commencé le périple de mes 50 ans …
Kristell, Beauvezer
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Me voilà sur les routes de l’Oise, pas le choix, j’ai l’âge du département de Beauvais et de surcroit, j’y vais en stop. Il pleut à verse, mon parapluie ne m’est pas d’un grand secours, la pluie tombe en diagonale et quelques rafales bien placées lui donnent même la trajectoire d’un orbe, éclaboussant mon visage, je me débats comme un beau diable sur le bord de la route, tant et si bien qu’il ne s’est pas écoulé plus de trois minutes avant qu’une automobiliste ne s’inquiète de mes contorsions de rase-campagne et s’arrête sur le bas-côté :
– Je vous accompagne quelque-part ?
– Beauvais, s’il vous plaît.
Ni une ni deux, ma bienfaitrice inscrit ma destination sur son GPS et j’entends Sonia s’exclamer depuis le haut-parleur que nous arriverons dans 7h et 53 minutes.
– Alors en route !
Réconfortée par tant de gentillesse, je m’enquiers de la destination de ma chauffeuse mais celle-ci m’assure que ça lui va très bien de se rendre à Beauvais « par les temps qui courent », ce sont ses mots et malgré mon souhait de l’aider à se tenir éveillée, je m’endors aussitôt dans le doux ronronnement du moteur.
Lorsque j’ouvre l’oeil, j’aperçois les flèches de la cathédrale dont je suppose que ce sont celles de Beauvais et je propose un bon petit déjeuner à ma conductrice au café de la Cathédrale qui ne doit pas manquer d’exister à proximité.
On nous sert sur une nappe blanche un café fumant et des viennoiseries dorées, des œufs à la coque, du beurre d’un jaune d’or et des confitures de fruits des bois. Nous ne parlons pas, mais nous sourions mutuellement entre deux bouchées, je remarque au passage que ma conductrice est un conducteur mais j’ai trop faim pour m’en émouvoir.
– Je vais prendre une chambre pour me reposer, me dit-il entre deux mouillettes, rejoignez-moi quand vous voulez.
J’acquiesce et pars pour un petit tour en ville, m’offre un tour de Carroussel au passage et rejoins l’inconnu dans la pénombre de sa chambre. Je prends une douche et me glisse entre les draps, curieuse et ne sachant plus très bien pourquoi je suis ici. L’autre dort sans émettre le moindre ronflement, roulé en boule et me tournantle dos. Mon regard se pose sur les murs tapissés sans charge inutile et je laisse la lumière rose que le tissu des rideaux diffuse infuser sa douceur comme une vieille opaline.
Au bout de quelques heures à n’être que là, allongée dans cette chambre de l’Hôtel de la Cathédrale, je me lève et m’habille. Mon compagnon de voyage se retourne et me sourit :
– Je vais réserver une table à la Brasserie de la Cathédrale, lui dis-je, rejoignez-moi quand vous voulez.
Puis je descends par les couloirs feutrés de l’Hôtel de la Cathédrale, Beauvais, Oise.
Marie-Pierre, Beauvezer
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Querelle entre péchés capitaux
Deux péchés capitaux en transit sur l’Océan
ENVIE DE TOI et PARESSE-PRIX-LIBRE
Envie de toi – J’ai envie de toi, mon lapin.
Paresse-prix-libre – Encore ! Laisse-moi tranquille, je me repose
Envie de toi – Alors pourquoi tu me réponds ?
Paresse-prix-libre – Je rêve, je n’ai envie de rien, je ne veux rien
Envie de toi – Ce n’est pas possible ! Je te fais un petit câlin et tu verras comme tu te sentiras bien
Paresse-prix-libre – Mais je vais bien ! Tu es toujours en chaleur, comme les chats. Fous-moi la paix !
Envie de toi – Et si je t’apporte des fraises à la chantilly, tu te redresses un peu ?
Paresse-prix-libre – Tu ne m’auras pas. Aucune de tes carottes ne me fera lever de mon transat. Laisse-moi, je pense…
Envie de toi – Moi, je veux voir autre chose que cet océan vide. L’horizon plat, ça ne me fait pas rêver. J’ai envie d’un Spritz. Tu viens avec moi au bar du pont ?
Paresse-prix-libre – Vas-y tout seul ! Je réfléchis.
Envie de toi – Quelle larve, non mais quel mollusque ! Tu n’as donc envie de rien ?
Paresse-prix-libre – Si ! J’ai envie de dormir. On a choisi cette croisière pour être tranquille, non ?
Envie de toi – Eh bien, je ne t’envie pas !
Catherine – Lyon 5ème